Trouveurs
& trouveuses


par Denis Vanderhaeghe

alias Vercoquin
Traduction réalisée en collaboration avec Céline Magrini
Extrait du roman de Flamenca

La fête dure dix-sept jours,

Et plus ! Nul ne sait à la cour

Quel jour lui fut plus agréable,

Car la cour est intarissable

En accueil, largesses et dons.

Tous ces riches et ces barons

S’émerveillent : d’où fut tiré

Ce qu’Archimbaut a dépensé ?

Après vingt jours, ils sont partis,

Le roi, et les autres aussi.

Ça ! La reine ne voulait pas

Que la cour dure encore un mois,

Car elle croit le roi amant

De Flamenca, évidemment.

Mais, il n’est pas énamouré ;

Il croyait avoir honoré

Archimbaut, quand il l’embrassait

Sous ses yeux, et qu’il a baisait.

Il n’y voyait rien de fâcheux.

Chacun repart très élogieux,

En se tenant pour bien payé,

Car Archimbaut a tant donné

Pour les jongleurs, que le plus chiche

- S’il n’est joueur, - en revient riche.

Sire Archimbaut les reconduit,

Mais, une angoisse au cœur l’a pris,

Dont il se trouve fort dolent.

C’est que l’étreint un mal cuisant,

Que l’on appelle jalousie,

Et dont la folie le saisit.

Il est souvent si absorbé,

Qu’il ne vient à bout de penser.

Lorsqu’il regagne sa maison,

Ses amis saluent et s’en vont,

Persuadés qu’il n’est pas sain :

De détresse, il se tord les mains.

Peu s’en faut même qu’il ne pleure.

Il croit n’être jamais à l’heure,

Dans sa chambre, pour retrouver

Son épouse et la corriger.

Mais là, loin d’être solitaire,

Elle est entourée au contraire,

Car, de ces dames du château,

Il y a là un grand troupeau.

Il en est marri, furibond.

Grossier, il tourne les talons

Et va s’étendre au long d’un banc,

En se plaignant d’un mal au flanc.

Il tient sa vie en grand mépris.

Il ne quitterait plus son lit,

S’il ne craignait blâmes et cris.

Il reste seul, endolori,

Et dit « Hélas ! Qu’ai-je donc fait

De me marier ? J’extravaguais !

N’étais-je pas heureux et bien ?

Ah, ça ! Que maudits soient les miens,

Dont le conseil fut que je prenne

Ce qui pour l’homme n’est que peine !

J’ai une épouse, oui, une épouse !

Et je sens cette humeur jalouse

Qui m’étreint et me fait gémir.

Quelle est la conduite à tenir ?

Et tout ça pour cette baronne,

Qui ne s’émeut, ni ne s’étonne,

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