Trouveurs
& trouveuses


par Denis Vanderhaeghe

alias Vercoquin
Vida
Un sirventes novel
Una ciutatz

Je veux écrire un nouveau plaidoyer
Pour le chanter au jour du jugement
A celui qui me tira du néant
S'il a quelque chose à me reprocher
Si c'est au diable qu'il veut m'envoyer
Je lui dirai cessez Seigneur pitié
J'ai tant peiné dans ce monde mauvais
Préservez-moi des démons s'il vous plaît
 
Toute sa cour sera émerveillée
Quand elle entendra cette plaidoirie
Car je dis qu'il commet une infamie
Envers les siens s'il songe à les damner
Celui qui perd ce qu'il pourrait gagner
Ne connaîtra que vile pauvreté
Il doit se montrer doux et plein d'ardeur
Pour retenir les âmes quand vient l'heure

Il devrait déshériter les diables
Il en aurait plus d'âmes et plus souvent
Et tout le monde en serait  bien content
Et cet acte lui serait pardonnable
Car que lui coûterait leur destruction
Quand il peut s'en donner l'absolution
Beau Seigneur détruisez ces ennemis
Qui nous causent tant de peine et d'ennui

Ne tenez plus votre porte fermée
Car Saint-Pierre en a honte désolante
Le portier voudrait  qu'entrât souriante
Toute âme qui voudrait par là entrer
Nulle cour n'est jamais vraiment unie
Si l'un pleure tandis que l'autre rit
Ô puissant seigneur si votre maison
Me restait fermée j'en voudrais raison
Je ne veux pas de vous désespérer
Car j'ai placé en vous tout mon espoir
A ma mort vous ferez votre devoir
Et mon âme et mon corps seront sauvés
Je ne vous laisserai que deux partis
Me renvoyer d'où vous m'avez sorti
Ou sinon me pardonner ces péchés
Que je n'eus commis si je n'étais né